Moi j'en ai un
De façon générale, en médecine, le souffle est un son, un bruit entendu lors de l'auscultation, résultat du passage du sang à l'intérieur d'un canal rétréci. Le plus souvent, le souffle est dû à une anomalie des valvules, replis souples constitués de tissu membraneux situés entre un ventricule et une oreillette, canalisant le sang, l'obligeant à aller toujours dans la même direction (en l'occurence de l'oreillette vers le ventricule). Le souffle cardiaque est coté de 1/6e à 6 /6e en fonction de sa sévérité.
Le souffle peut également être le résultat d'une communication entre les deux oreillettes ou entre les deux ventricules ou encore la persistance du canal artériel. Le canal artériel est le canal qui, pendant la vie intra-utérine du fœtus, permet au sang d'emprunter l'artère pulmonaire et de se rendre dans l'aorte sans passer par les poumons.
Classification
Il existe plusieurs variétés de souffle (liste non exhaustive) :
Le souffle systolique, bruit apparaissant lors de la contraction du cœur (systole). Ce bruit est perçu à la pointe du cœur (côté gauche du thorax). Il signale une insuffisance mitrale (insuffisance de fermeture des valves mitrales qui ne peuvent pas empêcher complètement le sang de revenir dans le ventricule). Ces valves sont situées entre l'oreillette et le ventricule gauche. Il existe assez fréquemment chez l'adolescent, surtout quand il présente une conformation longiligne, maigre et sportif, la présence d'un souffle systolique discret localisé et variable, non pathologique. On parle alors de souffle fonctionnel ou innocent.
Le souffle diastolique, résultat d'un reflux de sang au moment de la diastole (remplissage du cœur). Ce souffle s'entend après le deuxième bruit du cœur (roulement diastolique) du rétrécissement mitral (onomatopée de Duroziez).
Le souffle anémique apparaît à l'auscultation du cœur chez un individu malade atteint d'une anémie.
Le souffle de l'enfant est rarement pathologique (anormal), surtout à partir de 2 ans et en période prépubertaire. L'effort et l'hyperthermie (élévation de la température) ont tendance à majorer les souffles anorganiques (sans lésion cardiaque). En période périnatale (juste après la naissance), il existe des souffles chez le bébé qui sont des souffles d'adaptation très fréquents chez les prématurés et les enfants de petits poids. Ces souffles sont d'intensité modérée et ne s'accompagnent d'aucun autre signe. Les souffles dus à une malformation cardiaque se révèlent relativement précocement mais posent de difficiles problèmes diagnostiques. Le cardiopédiatre (à la fois cardiologue et pédiatre), après avoir examiné l'enfant et noté la présence ou d'absence de pouls asymétrique, d'un essoufflement, d'une augmentation de volume du foie, pratiquera des examens spécialisés complémentaires pour orienter le diagnostic et éventuellement adapter le traitement.
Physiopathologie
Exemple de pathologie associant un souffle cardiaque:
Le syndrome d'Alagille se caractérise par l'absence partielle ou totale des canaux biliaires interlobulaires. Cette absence de canaux, destinés à conduire la bile à l'intérieur du foie, est due à une maladie génétique dont la transmission se fait sur le mode autosomique dominant (il suffit que l'un des 2 parents possède l'anomalie génétique pour que l'enfant présente la maladie). Ce syndrome se transmet à la descendance avec une expressivité variable (intensité variant suivant les individus). Au cours de ce syndrome, le patient présente un souffle cardiaque dû à des anomalies cardio-vasculaires (du cœur et des vaisseaux) le plus souvent à type de sténose de l'artère pulmonaire (fermeture du calibre de cette artère), avec une diminution ou un arrêt de l'écoulement de la bile (thiamine), une hépatomégalie (augmentation de volume du foie et de la rate), des démangeaisons importantes (prurit), un xanthome (petite tumeur bénigne habituellement de couleur jaunâtre, formant des tâches ou des nodules), un embryotoxon (arc constitué de composants graisseux se déposant autour de l'iris au niveau de la cornée), un visage typique, un retard de croissance et un retard mental (dans certains cas seulement).
Examens Complémentaires
Les examens complémentaires, après la découverte d'un souffle cardiaque par le médecin, comprennent l'échocardiographie, nécessaire pour préciser le diagnostic.
Parfois, chez certains patients, l'électrocardiogramme est indispensable.
Devant un souffle systolique de l'enfant, l'échocardiographie doppler sera pratiquée. Il s'agit d'une exploration facile qui donne des renseignements sur la structure et la fonction cardiaques. Néanmoins, elle nécessite d'être effectuée dans de bonnes conditions et par un observateur expérimenté. Etant donné la fréquence des souffles innocents chez l'enfant, il est inutile de proposer cet examen de façon systématique. Le problème est de poser l'indication de cet examen qui se fait en fonction des répercussions hémodynamiques (qualité de la circulation sanguine à l'origine ou pas d'une insuffisance d'oxygénation des tissus) et de la gravité du souffle.